La fabrication des glaces de grandes dimensions est une fabrication toute française : le procédé du coulage est l’invention des Français Néhou et Thévard, et l’invention du polissage est duc au Français Dufresny. Avant le XVIIe siècle, la France était tributaire de Venise pour la verrerie en général et notamment pour les glaces.
C’est à Colbert que l’on doit cette industrie. Les vitres jusque-là bleuâtres avaient déjà été obtenues d’une blancheur limpide à Tourlaville près de Cherbourg, en 1666. En 1664, Colbert fait venir de Venise des verriers qu’il établit au faubourg Saint-Antoine, dans une manufacture qui prit le nom de Manufacture royale de glaces à miroirs en 1665. La compagnie privilégiée était sous la direction de Nicolas Dunoyer. Des exemptions de tailles et d’impôts étaient accordées aux ouvriers. L’année suivante cet établissement fit sa jonction avec celui de Tourlaville. En 1673, Colbert pouvait écrire avec fierté à l’ambassadeur de France à Venise, que ‘les glaces de fabrication française étaient aussi belles que les glaces vénitiennes’. Jusqu’en 1688, on opérait par le soufflage : c’est alors qu’on fit les premières glaces coulées. En 1693 la manufacture s’installa à Saint-Gobain.
Pour l’usage des glaces-miroirs, nous renvoyons au mot miroir. L’idée de Revêtir de panneaux de verre les surfaces des murs des appartements est déjà constatée chez les anciens. Sénèque dans sa 86e lettre à Lucilius parle de plafonds couverts de verre. Pour les glaces réfléchissantes, l’innovation de les placer sur les cheminées est attribuée aux architectes de Cotte et Mansard. Le premier cabaret orné de glaces s’établit à Paris, à la fin du XVIIe siècle, rue Saint-André des Arts. Mais c’est surtout pendant le XVIIIe siècle que cette décoration brillante se répandit. Ce n’étaient pas des glaces mobiles appliquées contre le mur, mais fixes, encadrées dans des ensembles de moulures chantournées caractéristiques du style régnant. La situation et la forme des glaces étaient prévues et dessinées par l’architecte.