
LES BUREAUX À MÉCANISMES DE GIOVANNI SOCCI
RÉALISÉS POUR ELISA NAPOLÉONE BACIOCCHI
FLORENCE, ENTRE 1807 ET 1840
Francesco Socci est un ébéniste florentin actif dès 1728 dans la petite ville de Ponte a Ema – dans les collines au sud de Florence. Il eut un fils, Lorenzo, lequel repris son activité durant le reste du XVIIIe siècle. Enfin, Luigi et Giovanni – fils du précédent, nés en 1774 et 1775, reprirent l’atelier dès 1807.
Nous savons – grâce au recensement par Napoléon, que la maison Socci comprenait près d’une douzaine d’ouvriers en 1811. Giovanni et Luigi Socci étaient membres du Conservatoire des Arts et Métiers.
Giovanni Socci décèda en 1842, Luigi en 1850. Le fils de Giovanni perpétua l’activité de la maison Socci jusqu’en 1878. L’atelier Socci travailla durant plus de cent cinquante ans à Florence, livrant de nombreux meubles pour les palais florentins et la cour du Grand duc de Toscane.
Le premier bureau à mécanisme, du modèle si particulier qu’il fit entrer Giovanni Socci dans l’histoire du mobilier italien, fut réalisé pour Elisa Napoléone Baciocchi, dite ‘Madame Napoléone’ – fille d’Elisa Bonaparte et de Félix Baciocchi, née à Lucques le 3 juin 1806, nommée princesse de Piombino par Napoléon Ier (son oncle) le 27 juin 1808.
De forme elliptique, à six pieds reposant sur une plinthe, il est plaqué d’Acajou posé en veine de fil verticalement, les pieds moulurés et garnis de bronzes dorés. Le plateau se compose de deux tables de porphyre rouge d’Egypte, fourni par l’Imperiale e Regia Galleria di Firenze.

Bureau mécanique par Giovanni Socci pour Elisa Napoléone Baciocchi – Château de Fontainebleau
Le mécanisme de contrepoids et d’engrenage permet, en tirant la chaise, d’ouvrir d’un seul geste le plateau – libérant un petit gradin formant secrétaire ainsi qu’un lutrin écritoire garni de maroquin. L’ensemble a une esthétique masculine, presque austère – voire militaire, tels que peuvent êtres certaines productions destinées aux campagnes napoléoniennes.
Ce meuble semble avoir été conservé au palais Pitti où il demeure jusqu’à la fin du règne de Napoléon. On en retrouve ensuite la trace en 1814 au palais Baciocchi à Bologne.
Ce meuble est légué à l’état français par testament suite au décès d’Elisa Baciocchi en 1869. Il est envoyé au garde-meuble de la Malmaison (inventaire MM.40.47.8445) avant de rentrer au Château de Fontainebleau (Musée Napoléon Ier) par dépôt du Mobilier National (Inventaire GME1461)
On connait quatre versions de ce bureau. La première – datée de 1807, est encore conservée au palais Pitti et ne comporte pas de plateau en porphyre, elle est ornée de têtes et de griffes de lion en bronze doré. Une troisième réplique est conservée à la villa Necchi Campiglio à Milan – en Acajou flammé et bois noirci, semblant être une version tardive, vers 1840 ou 1850.

Bureau mécanique par Giovanni Socci – Villa Necchi Campiglio à Milan
Une dernière, la plus luxueuse, est apparue sur le marché de l’art dans les années 70 aux Etats Unis. Elle a été léguée au Musée du Louvre par Audrey B. Love en 2005 par l’intermédiaire de la Fondation for Museums (Musée du Louvre – Inventaire n° OA12161)
Le Bureau par Giovanni Socci conservé au Musée du Louvre :
© Pierre-Alain Clostermann, décembre 2015
Texte en partie traduit d’après l’original de © Giuseppe Beretti.
Crédits photographiques © Réunion des Musées Nationaux – © Villa Necchi Campiglio à Milan
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